Etude de Chartron

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Etude de Chartron

L'Histoire
D'après une étude de Jacques Chartron (3/4)
Le 10 juin 1940, l'Italie entre en guerre aux côtés de l'Allemagne. Quinze jours plus tard la France dépose les armes, submergée par l'Allemagne. L'équilibre en Méditer-rannée est rompu, la guerre franchit les détroits et va se porter de l'autre côté, en Afrique. Bientôt ramenée à un cadre plus étroit que celui de tout le continent, elle prend dès le début la Libye et la Cyrénaïque pour Théâtre principal. Anglais et Allemands vont s'y mesurer, pendant trois ans. Tobrouk, El Alamein sont des conflits devenus légen-daires. Pour nous Bir-Hakeim est un symbole, notre bataille du désert. L'entrée en guerre de l'Italie, la défaite française entraînent deux conséquences. Sur mer l'Allemagne prend place en méditerranée, grâce aux côtes Italiennes, la Grande-Bretagne conserve ses points forts aux deux extrémités avec Gibraltar et Alexandrie, et un point intermédiaire, Malte, son porte-avions méditerranéen. En Afrique, l'Italie se lance dès le 10 juin dans la poursuite de son expansion longtemps arrêtée, sur le littoral du Proche et du Moyen-Orient. Pour les Britanniques, il s'agit de lui barrer la route de l'Egypte, du Nil et du pétrole, et si possible de chasser d'Afrique toutes les forces de l'axe.











Dès son arrivée, l'Italie se heurte au terrain, au climat et aux conditions de vie qui donnent au conflit un caractère nouveau. C'est la nature qui la première impose ses lois. La longue bande désertique qui s'étend des confins Ouest du Maroc et de la Mauritanie jusqu'à la vallée du Nil n’offre qu'une immense étendue de sable. Rien ne pousse ; seuls quelques puits rendent la côte un peu moins inhospitalière que le centre. Il n'y a aucun point de repère au milieu de cette mer de sable, la pluie est rare, mais sa violence peut entraver toute circulation durant des jours, faisant naître des mares de boue. Le vent brûlant, le Khamsin peut souffler des journées sans répit, desséchant tout ce qui vit. Une bonne route côtière relie Tripoli à Sollum. C'est la seule voie de communication praticable, le reste est réduit à des pistes, entre les oasis. Aussi les villes se sont-elles réfugiées sur la côte. Tripoli et Benghazi sont de bons forts, Tobrouk une bonne base. L'absence de ressources et d'eau, la longueur des Lignes de communications, le sable, le climat imposent une lourde servitude à celui qui veut y conduire ses troupes, exigent de tous ceux qui y viennent une endurance morale et physique bien au dessus de la moyenne. Le seul armement qui soit à la dimension de ces étendues est le char en 1940, mais un char de qualité ; celui qui tire le plus loin est toujours le plus fort. Ce que le char ne peut faire, l'avion le fait.





Hitler a confié à sa nouvelle alliée la garde du Jardin Méditerranéen. Sur mer la marine Italienne doit être capable de tenir en échec la marine anglaise. En Afrique l'offensive Italienne semble bien commencée. L'Angleterre possède Tobrouk qui sert d'intermédiaire entre la Méditerranée et ses colonnes d'Afrique. C'est aussi une solide garnison. De l'initiative italienne, le 10 juin 1940, jusqu'en février 1942, nous allons assister à une série de poursuites dans le désert. Un petit coin de cette immense étendue va changer cinq fois de mains : Bir-Hakeim. A la cinquième, fois tout le monde en parlera car pour la première fois depuis 1940, les français avaient participé, les armes à la main, à une grande bataille

Entre le début de la guerre en Afrique le 10 juin 1940 et la fixation des anglais sur la ligne de Gazala, au début de 1942, les opérations dans le désert présentent pour chaque camp une succession de revers et de succès. Tour à tour ce sont des avances foudroyantes, puis des replis faute d'avoir pu reprendre son souffle. En janvier 1942 enfin, les Anglais s'installent sur une ligne Nord-Sud à Gazala non loin à l'ouest de Tobrouk. Parmi eux, la 1ère Brigade Française libre (B.F.L.), formée de soldats de France aussi bien que de ses nombreuses colonies, qui ont la France comme idéal commun. Peu importe ici dans quel cadre ils vont se battre, quels chemins les ont amenés dans ce coin de désert. Seul Bir-Hakeim et ce qu'il incarne mérite notre attention.

Le 14 février 1942 les Français prennent position à Bir-Hakeim avec la mission :
« Contraindre l'ennemi à effectuer ses mouvements largement vers le Sud s'il essayait de déborder la position, canaliser son avance, s'il parvenait à l'enfoncer et interdire enfin toute attaque venue de la direction de Tengeder et portant sur celle de Bir-el-Gobi ».
Dès son arrivée la 1ère B.F.L. s'entoure de mines ; il lui en faut plus de 50.000 pour boucher un périmètre de 17 kilomètres. Pendant trois mois tout le monde travaille et s'enterre. Dans cette citadelle les remparts sont remplacés par des tranchées. La position est divisée en trois grandes zones attribuées respectivement au bataillon de Marche n° 2, au bataillon du Pacifique n° 1 et au 2ème bataillon de légion étrangère, le 3e bataillon de légion étrangère se voit confier des missions particulières constituer des colonnes mobiles autonomes dont le but est de harceler l'ennemi et de renseigner le P.C. du Général Kœnig. Tout le matériel inutile à la défense est envoyé à une trentaine de kilomètres.



Devant Tobrouk, l'infanterie allemande attend l'ordre d'attaquer



Le 26 mai une colonne mobile repère des mouvements ennemis non loin de la position. Le 27 le téléphone ne répond plus : toutes les issues sont fermées, les moyens antichars doublés aux points vulnérables, le même jour, le dispositif anglais est franchi et bouleversé. Bir-Hakeim coupé du reste du monde fait figure de point d'appui perdu en plein désert, placé là on ne sait pourquoi. Mais Rommel ne peut passer outre. Il faut l'abattre. Jusqu'au 2 juin, les Anglais essuient échec sur échec. Dès lors, les troupes italiennes et allemandes peuvent se consacrer uniquement à Bir-Hakeim Pour Rommel, c'est l'affaire de peu de temps. La situation de la 1ère B.F.L. n'est guère enviable : deux litres et demi d'eau par jour, des munitions qui risquent de manquer, des secours anglais qui n'arrivent jamais à briser l'étau des troupes allemandes. Seule la R.A.F. adoucit le climat en éloignant de son mieux le danger aérien. Dans cet enfer qui se prépare, trois ultimatums sont repoussés par le Général Kœnig. Chaque fois il faut payer ces refus par une pluie d'obus de 155 qui des heures durant viennent s'abattre sur la position. Quand cessent les tirs d'artillerie, l’aviation allemande prend la relève, la nuit, de petites équipes de Français vont avec des musettes bourrées de grenades débusquer les démineurs ennemis dans leur travail.
Le premier assaut est donné le 6 juin, le 7 toutes les attaques du côté sud sont repoussées. Mais la nuit est inquiétante : l'ennemi fait mouvement en masse vers le Nord. Le 8 des combats acharnés se déroulent, l'observatoire artillerie est pris et dégagé grâce à des engins semi-chenillés. Mais l'ennemi est lancé. Le lendemain aucun répit n'est laissé aux défenseurs de Bir-Hakeim. Artillerie, aviation, artillerie, aviation... Les hommes de Kœnig, assourdis par le vacarme des bombardements, à demi-enlisés, ne peuvent empêcher la première ligne des canon de 75 de tomber aux mains de l'adversaire. Alors seulement parvient l'ordre d'évacuation.




Le général Rommel dirige les opérations devant Bir-Hakeim



Bombardement de position


Le lendemain ce sont surtout des obus de 220 qui s'abattent sur la position. L'après-midi la position semble submergée. Un tir concentré de 500 coups de mortier de 81 et 200 coups de 60 permet de redresser la situation. Plutôt que de laisser ses hommes tomber aux mains de l'ennemi ou périr jusqu'au dernier, le général Kœnig sait alors qu'il n'a rien à perdre, s'il tente une sortie. Avec minutie tout est préparé ; tout ce qui est inutile est brûlé et à 0 h 15 les premières unités se présentent à la porte de sortie du B.P./1. C'est la confusion chez les Tahitières qui doivent passer les premiers. Les véhicules bloquent tout. Alors Kœnig décide de sortir par le marais de mines. Il ne s'agit plus que de la bravoure de chacun, les premiers sautent sur les mines, les autres passent. Ainsi, un aspirant fonce au milieu des mines son véhicule saute, il revient, en prend
un autre et recommence de la même façon. Un lieutenant traverse avec son véhicule une première ligne allemande, bondit par dessus une tranchée en écrasant les servants terrorisés d'une mitrailleuse allemande, franchit et écrase une troisième ligne avant de s'arrêter, mort au volant... Tout le monde passe, chacun faisant son devoir, signant autant de pages de gloire sur la fin de Bir-Hakeim. Sur 3.500 qui ont fait la « sortie », 129 seulement sont morts, 190 sont blessés.
Symbole du dépassement de ses petits intérêts personnels.
Symbole aussi d'unité de tous ces Français du monde.
Symbole enfin de panache.
Voila pourquoi une promotion de Saint-Cyriens est fière d'avoir choisi ce nom de Bir-Hakeim.

A ce jour, 143 militaires français sont morts pour la France en Afghanistan, en Somalie, au Mali ,au Levant et en Centrafrique
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