Halfaya

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L'Histoire
 Halfaya

La Brigade quitte El-Daba le 13 janvier, ses quatre convois roulent vers l'Ouest s'échelonnant sur cent kilomètres sur une belle route goudronnée, séparée de la mer par des dunes de couleur dorée, traversées de temps en temps par le lit d'un oued, qui laisse voir un bref instant le Golfe des Arabes où la Méditerranée, bleu de cobalt, brille au soleil.
Cette traversée de l'Égypte occidentale, sans végétation sans village s'avère monotone et fatigante: parfois la carcasse d'un camion brûlé ou un canon italien démoli meuble le paysage, et de loin en loin un panneau conseille au passant de prendre garde au danger aérien et aux mines.
La colonne dépasse sans s’arrêter le port de Marsa Matruh, au pied de la colline où se dressait le palais de Cléopâtre, traverse Sidi barrani où il ne reste que des maisons en ruines. Après une étape de deux cent quatre-vingt kilomètres, le bivouac est établi au point d'eau de Buq-Buq.
        
La nuit est froide, à quelques kilomètres de là de nombreuses fusées éclatent dans le ciel très pur, un souffle léger apporte le bruit d'un grondement sourd: la flotte britannique bombarde Halfaya. Enfin montée en ligne, le 14, la Brigade relève la 4ème  Brigade Sud-Africaine tandis qu'à l'ouest, au delà du défilé d'Halfaya, les Hindous attaquent et prennent Sollum, ajoutant quelques ruines aux Vestiges de la romaine Banaros.

Il y a un mois Mussolini a annoncé à la radio « les armées de parade de de Gaulle quittent Beyrouth », maintenant, elles sont arrivées. Le B.P. 1 est en réserve, prêt pour son baptême du feu. Le Bataillon de l'Oubangui-Chari occupe l'étroite bande côtière que domine de deux cents mètres une falaise, cet abrupt limite le plateau d'accès difficile, sur lequel s'installe la Légion; la haute plaine désolée et nue est parsemée de champs de mines et coupée d'une large gorge que suit, dans le fond d'un ruisseau à sec, une piste de caravanes qui mène au Col d'Halfaya. Depuis l'antiquité cette fracture sert de frontière entre l'Egypte et la Cyrénaïque, après la mort de Théodose en 395, elle marqua la ligne de partage entre le monde Romain occidental et l'Empire Byzantin.

Lors de son repli en Décembre 1941, Rommel a fermé cet important verrou de communications en y laissant une garnison italo-allemande de cinq mille cent neuf hommes, commandée par le Général de Georges,ancien chef de la commission d'armistice italienne en Syrie.


Dès leur mise en place à l'Est d'Halfaya, les Français recherchent le contact, leurs patrouilles reconnaissent le terrain, l'artillerie accroche ses tirs et l'État-major élabore des plans d'attaque. Les nuits sont troublées par le bruit des bombardements de la marine, la Royal Navy suspend ses tirs quand arrivent les avions de ravitaillement allemands. La Royal Air Force et le ''Groupe Lorraine'' participent aussi au pilonnage, la D.C.A des assiégés ne réagit plus, à court de munitions sans doute. Le 15 Janvier, à six heures du matin, une escadrille qui porte les couleurs françaises et une Croix de Lorraine sur la carlingue survole nos positions. Le communiqué du jour annonce que le « Lorraine » a largué dix tonnes de bombes sur Halfaya.

Nos patrouilles heureusement ne subissent pas de perte, cependant elles sont actives, audacieuses et vues de partout, nous semble-t-il. Dans le vent de sable qui tournoie et aveugle, les déplacements sont difficiles: le sable comble les emplacements de combat, pénètre dans les abris, saupoudre les aliments et assèche la gorge. Trois hommes du Groupe d'Exploitation de l'intendance égarés dans un champ de mines sont tués. Le 17 Janvier, l'Etat-major de la Brigade diffuse les ordres d'attaque et fixe le jour J au 21. Ce matin là, un vent froid se lève qui glace les Africains et paralyse les bonnes volontés, vers dix heures, les observateurs signalent des mouvements chez l'ennemi, aussitôt l'artillerie ouvre le feu. Des messages urgents et affolés se succèdent alors au P.C. : cessez le feu ! L'ennemi se rend en effet aux Sud-africains qui ont volontairement omis de prévenir les Français. Ils entendent garder pour eux seuls le bénéfice de la capitulation.

Les prisonniers hâves, épuisés et sales, une fois regroupés, sont conduits à cinquante kilomètres de là, et enfermés dans des enceintes grillagées, appelées ''cages'' . les Allemands du 104ème  Panzergrenadiers ont encore de la tenue alors que les Italiens de la Division Savona sont plutôt débraillés. Les unités de la Brigade vont, par ordre du Général, visiter tour à tour les positions abandonnées pour en tirer des leçons. L'observation des emplacements d'armes automatiques, bien camouflés, invisibles mais au large champ de tir montre que l'enlèvement de la place eut été difficile et aurait causé des nombreuses pertes ; elle complète utilement les enseignements théoriques donnés à El-Daba. Ensuite l'inspection des tranchées et abris fait apparaître que les assiégés n'avaient plus qu'un peu d'eau saumâtre et sale à boire, et comme vivres quelques boîtes de conserve françaises, livrées par l'intendance de l'Afrique Française du Nord. Parmi les armes détruites avant la reddition, il y a quelques canons G.P.F. de 155 français (I) et des caisses de munitions, obus et gargousses, provenant de Tunisie. Ce butin permet au Commandant Laurent-Champrosay de faire récupérer les roues des avant-trains de 155 pour remonter les canons de 75 du 1er Régiment d'Artillerie dont les essieux ont cassé en cours de route.

Dans les agendas, ornés du Palmier ceint d'une Svastika, distribués par le Ministre de la Propagande Goebbels, à la ''Panzerarmee Afrika'' figure une carte: déjà l'Alsace - Lorraine rendues à la France et les anciennes colonies allemandes d'Afrique perdues par le Traité de Versailles, en 1918, sont redevenues territoires allemands




(1) livrés du temps du Général Weygand écrit le Maréchal Juin dons ses mémoires.
A ce jour, 143 militaires français sont morts pour la France en Afghanistan, en Somalie, au Mali ,au Levant et en Centrafrique
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