Visite à la Miss

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Visite à la Miss

L'Histoire
Par trois petits cos et une épouse


Le 13 novembre dernier, de Caumont, ma femme et moi-même nous nous présentions à 15 heures précises à la Résidence Les Magnolias à Villebouzin dans le 91, suivis de peu par Alain Magon.
de Caumont avait choisi l’itinéraire le plus direct depuis La Mayenne, par Sancerre, Menetou-Salon, Chablis, Irancy et une nuit dans ma tanière dans l’Yonne : Il est vrai que cet ancien cavalier de l’ALAT pilote aujourd’hui une XM britannisée qui clignote des 4 feux quel que soit le changement de direction indiqué!


Sur la planche 3, Susan Travers se reconnaît (photo de Caumont)

Nous étions attendus et fûmes rapidement conduits en présence de « La Miss ». A 94 ans, elle tient sa frêle silhouette bien droite dans un fauteuil roulant, et l’on retrouve sans peine les traits du visage de ses photos de jeunesse, ainsi que la vivacité du regard. Une voix de petite fille, au début presque inaudible, répond en français à nos présentations…en anglais. Ayant été prévenus par son fils et le personnel qu’elle adore s’exprimer en anglais dès qu’elle en a l’occasion, ma femme et moi-même avions longuement révisé nos verbes irréguliers et la place inversée de l’adjectif, le tout en pure perte!
Après avoir trouvé nos marques, il apparut vite évident que la belle voix de basse jointe à la prestance de Magon s’exprimant en gaulois classique, devaient faire de ce dernier notre porte-parole incontesté. Miss Travers a en effet quelques difficultés d’audition apparemment plus liées au timbre des voix qu’à leur puissance.
C’est en savourant quelques crêpes arrosées de cidre offerts par La Miss, que Magon lui présenta le dernier tirage A3 glacé et relié de l’expo Bir Hakeim qu’il restait à d’Argent. Moments émouvants, ravivant certains souvenirs précis sur des détails de topographie, d’armements ou d’équipements apparents sur les photos, culminant sur celles de Koenig, d’Amilakvari et de sa tombe.



La dédicace de trois livres, vite réduite à une simple signature en raison de la fatigue qui devint évidente...
(photo de Caumont)

Sur la planche 3, Susan Travers se reconnaît sur la photo. A la planche 7, où est évoquée l’attaque du 27 mai matin par la division Ariete, elle nous rappelle qu’elle n’était pas à Bir Hakeim ce jour-là, ayant été évacuée avec les infirmières, et se préparant à revenir le 28 au volant de la nouvelle voiture du chef d’état-major. L’évocation de la sortie de vive force est un grand moment. Susan Travers nous raconte : la nuit noire, la voiture sans vitres ni pare-brise, Amilakvari assis à côté d’elle à l’avant, la « Thomgun » (sic) sur les genoux, « Arrêtez de tirer, Amilak, vous me gênez… » dit le Général, « Mais je ne tire pas, mon Général, on nous tire dessus !… » La voiture criblée d’impacts, les trois passagers indemnes, miraculés…

Les souvenirs sont précis. L’œil bleu pâle est vif. Susan Travers est bien cette femme attachante au caractère exceptionnel que nous avions découvert dans « Tant que dure le jour ». Elle qui a toujours dominé les situations les plus difficiles, nous confie son désarroi devant les limitations dues à la vieillesse, à la solitude et au handicap, touchante de simplicité et de lucidité.
Nous lui remîmes également une planche de photos du pèlerinage à Bir Hakeim, un insigne promo, une plante de Noël rouge et verte (en souvenir de celle que lui offrit la Légion pour son mariage) et une boite de chocolats peaufins qu’elle agrippa immédiatement, trahissant ainsi une gourmandise à ne pas oublier lors d’une prochaine visite. Puis vint la dédicace de trois livres, vite réduite à une simple signature en raison de la fatigue qui devint évidente.


Susan Travers est bien cette femme attachante au caractère exceptionnel que nous avions découvert dans « Tant que dure le jour »
(photo de Caumont)

De la discussion avec l’infirmière d’étage, il ressort qu’une visite tous les 2 ou 3 mois peut être envisagée. Prochaine visite en janvier 2004 par Marchal, de Parseval et Madame. Faites vous connaître sur mon e-mail ou mon téléphone pour prendre rang pour une suite éventuelle.
En conclusion, je crois pouvoir dire  simplement que nous sommes tous les quatre heureux d’avoir pu, au nom de la promo, participer à cette visite à l’une des rares personnes survivantes de cet épisode de l’histoire moderne, à laquelle nous avons choisi de nous identifier il y a plus de quarante ans.

A ce jour, 143 militaires français sont morts pour la France en Afghanistan, en Somalie, au Mali ,au Levant et en Centrafrique
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